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Home Maximum R The Cambr 0877 Ch09 Niewolnica

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excessivement. Je crois réellement que c était là le fond de
l attachement de cette brute pour moi. Il me fut bientôt évident
que le féroce monstre avait goûté du sang et avait suivi les traces
de l Homme-Léopard. Il se fit une tanière quelque part dans la
forêt et devint solitaire. Une fois je tentai de persuader les bru-
tes mi-humaines de le traquer, mais je n eus pas l autorité né-
cessaire pour les obliger à coopérer à un effort commun. Main-
tes fois j essayai d approcher de son repaire et de le surprendre
à l improviste, mais ses sens étaient trop subtils, et toujours il
me vit ou me flaira à temps pour fuir. D ailleurs, lui aussi, avec
ses embuscades, rendait dangereux les sentiers de la forêt pour
mes alliés et moi, et l Homme-Chien osait à peine s écarter.
Dans le premier mois, les monstres, relativement à leur
subséquente condition, restèrent assez humains, et même en-
vers un ou deux autres, à part mon Homme-Chien, je réussis à
avoir une amicale tolérance. Le petit être rosâtre me montrait
une bizarre affection et se mit aussi à me suivre. Pourtant,
l Homme-Singe m était infiniment désagréable. Il prétendait, à
cause de ses cinq doigts, qu il était mon égal et ne cessait, dès
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qu il me voyait, de jacasser perpétuellement les plus sottes niai-
series. Une seule chose en lui me distrayait un peu : son fantas-
tique talent pour fabriquer de nouveaux mots. Il avait l idée, je
crois, qu en baragouiner qui ne signifiaient rien était l usage
naturel à faire de la parole. Il appelait cela « grand penser »
pour le distinguer du « petit penser »  lequel concernait les
choses utiles de l existence journalière. Si par hasard je faisais
quelque remarque qu il ne comprenait pas, il se répandait en
louanges, me demandait de la répéter, l apprenait par cSur, et
s en allait la dire, en écorchant une syllabe ici où là, à tous ses
compagnons. Il ne faisait aucun cas de ce qui était simple et
compréhensible, et j inventai pour son usage personnel quel-
ques curieux « grands pensers ». Je suis persuadé maintenant
qu il était la créature la plus stupide que j aie jamais vue de ma
vie. Il avait développé chez lui, de la façon la plus surprenante,
la sottise distinctive de l homme sans rien perdre de la niaiserie
naturelle du singe.
Tout ceci, comme je l ai dit, se rapporte aux premières se-
maines que je passai seul parmi les brutes. Pendant cette pé-
riode, ils respectèrent l usage établi par la Loi et conservèrent
dans leur conduite un décorum extérieur. Une fois, je trouvai un
autre lapin déchiqueté, par l Hyène-Porc certainement  mais
ce fut tout. Vers le mois de mai, seulement, je commençai à per-
cevoir d une façon distincte une différence croissante dans leurs
discours et leurs allures, une rudesse plus marquée d articula-
tion, et une tendance de plus en plus accentuée à perdre l habi-
tude du langage. Le bavardage de mon Homme-Singe multiplia
de volume, mais devint de moins en moins compréhensible, de
plus en plus simiesque. Certains autres semblaient laisser com-
plètement s échapper leur faculté d expression, bien qu ils fus-
sent encore capables, à cette époque, de comprendre ce que je
leur disais. Imaginez-vous un langage que vous avez connu
exact et défini, qui s amollit et se désagrège, perd forme et signi-
fication et redevient de simples fragments de son. D ailleurs,
maintenant, ils ne marchaient debout qu avec une difficulté
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croissante, et malgré la honte qu ils en éprouvaient évidem-
ment, de temps en temps je surprenais l un ou l autre d entre
eux courant sur les pieds et les mains et parfaitement incapable
de reprendre l attitude verticale. Leurs mains saisissaient plus
gauchement les objets. Chaque jour ils se laissaient de plus en
plus aller à boire en lapant ou en aspirant, et à ronger et déchi-
rer au lieu de mâcher. Plus vivement que jamais, je me rendais
compte de ce que Moreau m avait dit de leur rétive et tenace
bestialité. Ils retournaient à l animal, et ils y retournaient très
rapidement.
Quelques-uns  et ce furent tout d abord à ma grande sur-
prise les femelles  commencèrent à négliger les nécessités de la
décence, et presque toujours délibérément. D autres tentèrent
même d enfreindre publiquement l institution de la monogamie.
La tradition imposée de la Loi perdait clairement de sa force, et
je n ose guère poursuivre sur ce désagréable sujet. Mon
Homme-Chien retombait peu à peu dans ses mSurs canines ;
jour après jour il devenait muet, quadrupède, et se couvrait de
poils, sans que je pusse remarquer de transition entre le compa-
gnon qui marchait à mes côtés et le chien flaireur et sans cesse
aux aguets qui me précédait ou me suivait. Comme la négligence
et la désorganisation augmentaient de jour en jour, le ravin des
huttes, qui n avait jamais été un séjour agréable, devint si infect
et nauséabond que je dus le quitter, et, traversant l île, je me
construisis une sorte d abri avec des branches au milieu des rui-
nes incendiées de la demeure de Moreau. De vagues souvenirs
de souffrances, chez les brutes, faisaient de cet endroit le coin le
plus sûr.
Il serait impossible de noter chaque détail du retour graduel
de ces monstres vers l animalité, de dire comment, chaque jour,
leur apparence humaine s affaiblissait ; comment ils négligèrent
de se couvrir ou de s envelopper et rejetèrent enfin tout vestige
de vêtement ; comment le poil commença à croître sur ceux de
leurs membres exposés à l air ; comment leurs fronts
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s aplatirent et leurs mâchoires s avancèrent. Le changement se
faisait, lent et inévitable ; pour eux comme pour moi, il
s accomplissait sans secousse ni impression pénible. J allais en-
core au milieu d eux en toute sécurité, car aucun choc, dans
cette descente vers leur ancien état, n avait pu les délivrer du
joug plus lourd de leur animalisme, éliminant peu à peu ce
qu on leur avait imposé d humain.
Mais je commençai à redouter que bientôt ce choc ne vînt à
se produire. Ma brute de Saint-Bernard me suivit à mon nou-
veau campement, et sa vigilance me permit parfois de dormir
d une manière à peu près paisible. Le petit monstre rose, l aï,
devint fort timide et m abandonna pour retourner à ses habitu-
des naturelles parmi les branches des arbres. Nous étions exac-
tement en cet état d équilibre où se trouverait une de ces cages
peuplées d animaux divers qu exhibent certains dompteurs,
après que le dompteur l aurait quittée pour toujours.
Néanmoins ces créatures ne redevinrent pas exactement des
animaux tels que le lecteur peut en voir dans les jardins zoolo-
giques  d ordinaires loups, ours, tigres, bSufs, porcs ou singes.
Ils conservaient quelque chose d étrange dans leur conforma-
tion ; en chacun d eux, Moreau avait mêlé cet animal avec celui-
ci : l un était peut-être surtout ours, l autre surtout félin ; celui-
là bSuf, mais chacun d eux avait quelque chose provenant d une
autre créature, et une sorte d animalisme généralisé apparais- [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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