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bas ris, et le trois-mâts courait vent arrière.
À ce moment, le capitaine pensait être encore à plus de
vingt milles au large de la terre. Il ne voyait aucun danger à
porter dessus, jusqu au moment où il relèverait le feu du
phare. En le laissant alors largement dans le sud, il ne courait
pas risque de se jeter sur les récifs, du cap San Juan, et
donnerait sans peine dans le détroit.
Le Century continua donc à faire vent arrière, Harry
Steward ne doutant pas de voir le phare avant une heure,
puisque son feu avait un rayon de dix milles.
Or, ce feu, il ne l aperçut pas. Alors qu il se croyait
encore à bonne distance de l île, un épouvantable choc se
produisit. Trois matelots, occupés dans la mâture, disparurent
avec le mât de misaine et le grand mât. En même temps, les
lames assaillirent la coque, qui s ouvrit, et le capitaine, le
second, les survivants de l équipage furent jetés par-dessus le
bord au milieu d un ressac qui ne laisserait de salut à
personne.
Ainsi le Century avait péri corps et biens. Seul, le second,
John Davis, grâce à Vasquez, venait d échapper à la mort.
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Et, maintenant, sur quelle côte le trois-mâts était-il venu
se perdre, c est ce que Davis ne pouvait comprendre.
Il demanda de nouveau à Vasquez :
« Où sommes-nous?
À l Île des États.
L Île des États! s écria John Davis, stupéfait de cette
réponse.
Oui... l Île des États, reprit Vasquez, à l entrée de la
baie d Elgor!
Mais le phare?
Il n était pas allumé! »
John Davis, dont la figure exprimait la plus profonde
surprise, attendait que Vasquez s expliquât, lorsque celui-ci,
se relevant soudain, prêta l oreille. Il avait cru entendre des
bruits suspects, et voulait s assurer si la bande ne rôdait pas
aux environs. Il se glissa donc à travers l entre-deux des
roches, et promena son regard sur le littoral jusqu à la pointe
du cap San Juan.
Tout était désert. L ouragan ne perdait rien de sa force.
Les lames y déferlaient toujours avec une prodigieuse
violence, et des nuages plus menaçants encore chassaient à
l horizon, encrassé de brumes.
Le bruit entendu par Vasquez provenait de la dislocation
du Century. Sous l effort du vent, l arrière de la carcasse
s était retourné, et la rafale, pénétrant à l intérieur, la poussait
plus avant sur la grève. Elle y roulait comme un énorme
tonneau défoncé, et finit par s écraser définitivement contre
l angle de la falaise. Sur le lieu de l échouage, couvert de
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mille épaves, il ne restait plus que l autre moitié du trois-
mâts.
Vasquez rentra donc et s étendit sur le sable près de John
Davis. Les forces revenaient au second du Century. Il aurait
pu se lever, et, appuyé au bras de son compagnon, descendre
sur la grève. Mais celui-ci le retint, et c est alors que John
Davis lui demanda pourquoi, cette nuit-là, le phare n avait
pas été allumé.
Vasquez le mit au courant des faits abominables qui
s étaient passés sept semaines auparavant à la baie d Elgor.
Après le départ de l aviso Santa-Fé, rien, pendant deux
semaines environ, n avait d abord entravé le service du
phare, confié à lui, Vasquez, et à ses deux camarades, Felipe
et Moriz. Plusieurs bâtiments arrivèrent, durant cette période,
en vue de l île, et firent des signaux qui leur furent
régulièrement rendus.
Mais, le 26 décembre, une goélette s était présentée vers
huit heures du soir à l entrée de la baie. De la chambre de
quart, où il était de garde, Vasquez n avait cessé d apercevoir
ses feux de position et il avait assisté à toute la manoeuvre. À
son avis, le capitaine qui la commandait devait bien connaître
la route à suivre, car il ne montra pas la moindre hésitation.
La goélette atteignit la crique au pied de l enceinte du
phare, et y laissa tomber son ancre. C est alors que Felipe et
Moriz, qui avaient quitté le logement, montèrent à bord pour
offrir leurs services au capitaine, et, lâchement frappés,
périrent sans avoir pu se défendre.
« Les malheureux! s écria John Davis.
Oui!... mes malheureux compagnons! répéta Vasquez
dont tout le chagrin renaissait à ces douloureux souvenirs.
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Et vous, Vasquez? demanda John Davis.
Moi, du haut de la galerie, j avais entendu les cris de
mes camarades... Je compris ce qui s était passé... C était un
navire de pirates, cette goélette... Nous étions trois
gardiens!... Ils en avaient assassinés deux, et ne s inquiétèrent
pas du troisième.
Comment avez-vous pu leur échapper? demanda encore
John Davis.
Je descendis rapidement l escalier du phare, répondit
Vasquez, je me précipitai dans le logement, j y pris quelques
effets, un peu de vivres, je m enfuis avant que l équipage de
la goélette eût débarqué, et je vins me réfugier sur cette partie
du littoral.
Les misérables... les misérables! répétait John Davis. Ils
sont donc les maîtres du phare, qu ils n allument plus. Ce
sont eux qui ont causé le naufrage du Century, la mort de
mon capitaine et de tous nos hommes?
Oui, ils en sont les maîtres, dit Vasquez, et, en
surprenant une conversation de leur chef avec un de ses
compagnons, j ai pu connaître leurs projets. »
John Davis apprit alors comment ces pillards, établis
depuis plusieurs années sur l Île des États, y attiraient les
navires et massacraient les survivants des naufrages, toutes
celles des épaves qui avaient quelque valeur étant renfermées
dans une caverne, en attendant que Kongre pût s emparer
d un bâtiment.
Survinrent les travaux de construction du phare, la bande
fut contrainte d abandonner la baie d Elgor et de se réfugier
au cap Saint-Barthélemy, à l autre extrémité de l Île des
États, où personne ne soupçonnait sa présence.
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Les travaux achevés, elle revint, il y avait de cela plus
d un mois et demi, mais alors elle était en possession d une
goélette venue s échouer au cap Saint-Barthélemy, et dont
l équipage avait péri.
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